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Réduire ses petits déplacements a-t-il un réel impact?

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L’individu peut-il changer le monde de chez lui ? En prenant son vélo et ses chaussures de sport, toute personne peut agir dans ce sens.

Il est difficile d’entreprendre une action significative, indépendamment de la cause ou de la motivation qui nous pousse à agir. Nous sommes constamment bombardés de publicités et d’incitations à consommer, et notre environnement est optimisé pour minimiser notre effort lors de l’exécution de tâches. Bien que cela libère du temps pour les loisirs, cela crée un problème car faire un effort qui ne répond pas à une exigence immédiate ou ne procure pas un plaisir instantané n’est pas naturel pour nous. Malgré cela, il est justifié de changer nos habitudes sans être contraints par les autres. En réalité, pour que la transition écologique et économique se produise, c’est le citoyen qui doit l’initier pour que cela s’impose à tous.

Un État défaillant et inefficace

Bien que les dirigeants de la plupart des pays du monde soient conscients de la réalité du changement climatique et du rôle destructeur de l’homme sur la planète, des considérations culturelles, politiques et économiques les empêchent de prendre des mesures immédiates. Ils préfèrent reporter l’action à plus tard, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses pour l’avenir de la planète. C’est pourquoi il est important que chaque individu prenne l’initiative d’agir dès maintenant pour provoquer un changement dans le système. Bien que l’exemple individuel présenté ici puisse sembler insignifiant par rapport aux problèmes mondiaux actuels, il peut être le point de départ d’une transition globale, en créant un effet boule de neige positif.

Réduire ses déplacements, pas évident

Soyons clairs, à part pour les citadins, il n’est pas envisageable pour le moment de laisser la voiture au garage dès qu’on dépasse la dizaine de kilomètres de trajet. Concentrons-nous donc sur les trajets sur lesquels nous pouvons facilement agir sans conséquences dramatiques ou pénalisantes.

Je suis un parfait exemple de la contradiction entre les enjeux de la protection de l’environnement et les intérêts personnels. J’habite dans une petite commune de 1200 habitants, située à moins de 10 km d’une ville de 20 000 habitants. Pour me rendre à mon travail, j’utilise ma voiture, mais j’essaie de faire du covoiturage avec mes collègues quand cela est possible. Malheureusement, je ne peux pas me permettre de me débarrasser de ma voiture thermique pour le moment. Même si j’utilise ma petite Zoé électrique, cela reste un déplacement polluant. De plus, en raison d’obligations familiales, matérielles et financières, tout le monde ne peut posséder un véhicule électrique. De plus, les bornes de recharge électrique sont rares dans certaines régions comme la mienne. Enfin, la voiture électrique n’est pas une solution en soi pour la France, qui importe 90% des véhicules, avec des subventions qui profitent principalement aux constructeurs étrangers, et notamment chinois. Pour ces raisons, je ne prendrai pas mon véhicule électrique comme modèle de calcul même si la Zoé est bien plus adaptée aux déplacements auxquels nous allons nous intéresser.

Malgré tout, je me suis demandé comment je pouvais réduire mon empreinte carbone sans changer de métier, de maison… La solution était simple : troquer ma voiture pour le train sur de longues distances et limiter les petits déplacements hors travail. Cela peut sembler insignifiant, mais chaque petit geste compte. Pourtant, changer mes habitudes de déplacement est difficile, car je faisais ces trajets automatiquement tous les jours, sans même y penser.

Depuis plus de deux ans maintenant, je me suis donc obligé à me déplacer à pied ou à vélo pour aller chercher du pain le matin à la boulangerie du village, qui se trouve à un kilomètre de chez moi. Cela demande un véritable effort, car j’ai parfois la tentation de prendre ma voiture… par habitude. Mais en laissant ma voiture dans le garage, je réalise un véritable bénéfice pour moi-même et pour la planète. Cependant, en hiver, cela devient plus difficile, car les conditions climatiques sont moins clémentes. J’ai encore du mal à me passer de ma voiture dans ces moments-là.

Réduire les petits déplacements : un impact réel

Revenons sur mes trajets matinaux qui n’ont qu’un seul but, transporter une baguette destinée au petit déjeuner :

  • Temps en voiture de l’aller-retour : 11 minutes en moyenne. Pour réaliser ce trajet, je dois ouvrir la porte de garage électrique et la refermer à mon retour. Je démarre et arrête deux fois le véhicule.
  • Temps à pied avec la descente au pas de course par beau temps : 13 minutes en moyenne / 15 grosses minutes en hiver.

C’est clair, pour 2 minutes de moins par temps acceptable, je peux faire le trajet à pied, me faire du bien au niveau santé et ne pas utiliser mon véhicule.

Un peu de mathématiques :

- 2 km aller-retour par jour et ceci à peu près 300 jours par an. Environ 600 km à l'année. Prenons mon véhicule qui émet environ 110 g de CO2 par km / par personne. En réalisant cet effort, j'économise un peu moins de 70 kilogrammes de CO2 par an.

Là aussi, tu pourrais me dire que le gain est minime même s’il représente quand même un aller et retour en Baie de Somme au bord de la mer… que du plaisir !

Ce n’est pas fini, au moins trois ou quatre fois par semaine, je retournais en ville pour faire une course alimentaire ou autre. Je me suis forcé au début à ne jamais retourner faire une course si j’avais déjà effectué un déplacement dans la journée pour le travail ou autre. Si au début, la frustration était présente et parfois grande car les habitudes sont tenaces, je n’y pense même plus maintenant ! Je gagne du temps pour faire autre chose : seule contrainte, m’organiser pour faire ces courses au cours d’un déplacement contraint.

Encore un peu de mathématiques :

- 20 km aller retour par jour et ceci à peu près 150 jours par an.
En gros 3000 km à l'année. Prenons mon véhicule qui émet toujours 110 g
de CO2 par km / par personne. En supprimant ces déplacements,
j'économise un peu plus de 300 kilogrammes de CO2 par an.

Au total, près de 400 kilogrammes de CO2 économisés en supprimant ces petits trajets bien souvent inutiles. Rappelons que l’empreinte carbone des Français représentait environ 10 tonnes équivalent CO2 (t CO2 éq) par habitant en 2021, c’est-à-dire au moins cinq fois plus que ce qui serait acceptable pour réduire significativement notre impact sur le changement climatique.

Quel impact pour la planète ?

Quitte à me répéter, l’action individuelle est certainement le seul espoir que nous avons de pouvoir changer les choses dans l’immédiat. Si nous devons compter sur nos politiques, on est sans doute mal barrés !

Au 1er janvier 2022, il y avait un peu moins de 40 millions de voitures en circulation en France, avec un âge moyen de 10 ans et demi. La grande majorité des voitures, soit 97 %, fonctionnent exclusivement à l’essence ou au diesel. Tous ces véhicules ne roulent pas tous les jours mais considérons que la moitié de ces véhicules roule à peu près comme j’utilise mon véhicule pour les trajets plaisir : courses et déplacement loisirs. Rappel : nous ne considérons ici que les déplacements « facilement » supprimables. Peut-être que je me trompe mais je pense que je suis dans la tranche basse de ces déplacements et que la grande majorité fait bien plus de kilomètres que moi n’ayant plus d’enfant à la maison notamment et n’étant pas très socialisé dans la pratique !

Avec 20 millions de véhicules pris en considération, ce ne sont pas moins de 8 millions de tonnes de CO2 économisées à l’échelle nationale chaque année.

En France, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) provenant des voitures thermiques représentent environ 15 à 20 % des émissions totales de CO2 qui s’élèvent à environ 300 millions de tonnes (équivalent CO2 pour tenir compte de tous les gaz à effet de serre, y compris le méthane et le protoxyde d’azote). Il existe en effet bien d’autres polluants émis par les voitures thermiques, tels que les oxydes d’azote, les particules fines et les composés organiques volatils, qui ont également des impacts négatifs sur l’environnement et la santé humaine. Mais gardons le CO2 comme point de repère.

L’économie serait donc globalement de 2 % par an si nous agissions collectivement dans le sens de la réduction au strict minimum de nos déplacements non essentiels. Ce n’est pas rien puisque c’est grosso modo la moitié des émissions réalisées par le trafic aérien chaque année en France.

Alors peu importe si mes chiffres sont la stricte réalité (mais je ne pense pas être loin du compte et même certainement bien en dessous du chiffre réel), l’essentiel est de prendre conscience que l’action individuelle a un sens et peut avoir un réel impact. Si tu rajoutes à cela les économies de carburant, de révisions du véhicule, de l’usure moindre des pneumatiques, le fait que pendant que tu marches, tu utilises ton corps, élimines des calories, renforces tes muscles, dynamises ton cœur alors c’est vraiment tout bénéf !

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