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Et si nous réduisions de moitié notre consommation de viande ?

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L’alimentation est l’un des domaines les plus impactants, notamment en termes de consommation d’eau et d’émissions de gaz à effet de serre (GES).

Parmi les aliments les plus consommateurs en ressources, la viande occupe une place de choix. En effet, la production de viande, en particulier la viande bovine, nécessite une grande quantité d’eau et génère des émissions importantes de GES. Dans ce contexte, la question de la consommation de viande et de son impact sur l’environnement est de plus en plus débattue. De nombreux articles et études scientifiques ont ainsi mis en lumière la nécessité de réduire notre consommation de viande pour limiter notre empreinte environnementale. 

LA VIANDE DANS LE MONDE

En 2021, la consommation de viande en France se situe entre 79 kg (chiffres FAO) et 85 kg (chiffres Ministère) par personne en 2021.

La consommation de viande en France en 2021

La consommation mondiale de viande a presque quintuplé depuis 1960 et il est prévu qu’elle augmente de 15 % d’ici 10 ans.

Depuis 1960, la consommation moyenne mondiale de viande par personne a augmenté d’environ 20 kilos pour atteindre plus de 40 kilos par an. Aux  États-Unis on consomme en moyenne 120 kg de viande par personne par an et par habitant. À l’inverse, les pays où la consommation de viande est la plus faible sont l’Inde (4 kg par habitant en 2017), le Bangladesh (4, kg) et l’Éthiopie (5 kg). En Chine, la consommation de viande par personne a augmenté d’un facteur d’environ 20 depuis 1960, passant d’un peu moins de 4 kg à 55 kg en moyenne par habitant.

On le voit, les situations sont très différentes d’un pays à l’autre et si la consommation globale a tendance à baisser en Europe Occidentale, celle-ci explose dans certains pays en développement avec une population grandissante.

LA VIANDE BOVINE EN FRANCE

Le sigle T.E.C. signifie « tonne équivalent carcasse » ( on parlera aussi de Kg.E.C.). Cette unité de mesure est utilisée pour avoir une référence commune entre les carcasses, les produits transformés et les conserves de viande. Ainsi, une T.E.C. permet de comparer et de quantifier la quantité de viande produite ou consommée indépendamment de sa forme ou de son état de transformation.

La consommation moyenne de viande bovine par habitant est d’à peu près 22 kg équivalent-carcasse (kg.e.c) par an. Toutefois, il est important de noter que cette consommation a régulièrement diminué au cours des dix dernières années, passant d’environ 25 kg.e.c par habitant en 2010. L’augmentation des tarifs de la viande est en grande partie à l’origine de cette tendance baissière et celle-ci devrait se confirmer dans les années à venir avec l’inflation galopante que l’on connaît.

Si on compare aux Etats-unis, avec plus de 100 kilogrammes de viande bovine consommée par an, dont 30% environ est de la viande bovine, on peut dire que le français est un petit consommateur. Cela dit, celui-ci consomme tout de même le double de la consommation moyenne mondiale. En ce qui concerne la Chine, les comparaisons sont plus complexes car seule une petite partie de la population chinoise consomme de grosses quantités de viande pendant que les autres n’ont pas forcément les moyens de se la payer et consomment souvent la viande locale. Cela dit, avec plus d’un milliard et demi d’habitants, le poids de la Chine est très important.

– Consommation d’eau: si on prend en compte les prélèvements d’eau réels et leur impact sur l’environnement, on estimé que la production d’un kilogramme de viande bovine en France nécessite environ 50 litres d’eau pendant la période d’élevage.

On lis souvent le chiffre de 15 000 litres d’eau utilisés pour 1 Kg de viande produite: Il s’agit de l’empreinte de l’eau consommative qui est une mesure qui évalue la quantité totale d’eau nécessaire pour produire un bien ou un service. Elle prend en compte la quantité d’eau directement consommée ou évaporée, ainsi que la quantité d’eau nécessaire pour produire les matières premières utilisées dans le processus de production.

L’empreinte de l’eau consommative peut être divisée en deux catégories : l’eau verte et l’eau bleue. L’eau verte est l’eau de pluie qui est absorbée par le sol et utilisée par les plantes pour leur croissance. L’eau bleue, quant à elle, est l’eau provenant de sources d’eau douce tels que les rivières, les lacs et les nappes phréatiques.

L’empreinte de l’eau consommative est importante car elle met en évidence la quantité de ressources en eau douce nécessaires pour répondre aux besoins de la production de biens et de services. Elle peut être utilisée pour identifier les secteurs de l’économie qui consomment le plus d’eau et pour encourager des pratiques plus durables et efficaces en matière d’utilisation de l’eau. Cependant, il est important de noter que l’empreinte de l’eau consommative ne prend pas en compte l’eau de pluie qui est réutilisée ou qui s’évapore après utilisation. Par conséquent, l’empreinte de l’eau consommative ne doit pas être considérée comme une mesure absolue de l’utilisation de l’eau, mais plutôt comme un outil utile pour évaluer et réduire l’impact environnemental de la production de biens et de services.

Selon l’Inra, la majeure partie de l’empreinte de l’eau consommative de la production de viande bovine, soit environ 95%, correspond à de l’eau verte provenant des sols et consommée par les plantes. Cette quantité d’eau retourne dans le cycle de l’eau et serait de toute façon consommée même en l’absence de l’élevage. Par conséquent, l’Inra avance un chiffre compris entre 550 et 700 litres d’eau pour produire 1 kg de viande de boeuf, ce qui est nettement inférieur à l’estimation de 15 000 litres d’eau souvent citée et correspond plutôt à l’empreinte de l’eau bleue.

– Emissions GES: selon l’ADEME (Agence de la transition écologique), la production d’1 kg de viande bovine en France émet en moyenne environ 26 kg équivalent CO2 de gaz à effet de serre (GES). Cela inclut les émissions directes et indirectes liées à l’élevage, telles que la fermentation entérique des bovins, les émissions de lisier et de fumier, la production de l’alimentation animale et les émissions liées à la transformation et au transport de la viande.

Je vais rester sur ces 2 paramètres en considérant qu’un kilogramme de viande bovine produite nécessite 625 litres d’eau et émet 25 kg équivalent CO2 de gaz à effet de serre.

RÉDUIRE SA CONSO

Si on reste dans la comparaison, pas de doute, pas besoin de faire de gros efforts en France, cela ne changerait pas grand chose à l’échelle mondiale. C’est certainement vrai et pourtant, nous n’allons pas avoir d’autres choix que de changer nos habitudes de consommation. Autant le faire de manière volontaire plutôt que subie dans quelques années. Il est évident que ce changement obligerai les agriculteurs à se tourner vers d’autres pratiques avec l’aide des pouvoirs publiques bien entendu.

Si je pars du principe que l’individu est celui qui a le pouvoir, alors, s’il décide de changer et si tous les citoyens se mettent à consommer différemment, inévitablement les industriels, les politiques iront dans le sens du changement pour une agriculture plus saine et plus durable. Encore une fois ces changements doivent se faire au prix d’un soutien sans faille envers le monde agricole car il serait totalement improductif de sacrifier une filière agricole performante (même si imparfaite) pour se tourner vers des importations de mauvaises qualité exigeant en plus du transport sur longue distance. Il s’agit bien de transférer des subventions jusque là allouées à une activité polluante vers une activité durable afin de permettre aux agriculteurs de se transformer. C’est dit.

Imaginons que si, en 2023, les français décidaient de réduire leur consommation de viande bovine de 50%, passant de 20 kg par an et par habitant à 10 kg? Que se passerait-il pour la planète? Serait-ce anecdotique ou cela aurait-il un impact significatif sur les émissions de GES, sur le changement climatique, sur la pollution, sur les réserves en eau ?

– Consommation d’eau: partons du principe que seuls 50 millions de français consomment régulièrement de la viande. Le calcul est alors le suivant en ce qui concerne la consommation en eau.

Réduction de la consommation en eau

Si un Français consomme 20 kg de viande bovine par an et par habitant, alors pour 50 millions de Français, la consommation annuelle totale de viande bovine sera de :

20 kg/habitant/an x 50 000 000 habitants = 1 000 000 000 kg/an (ou 1 milliard de kg/an)

En utilisant le chiffre de 625 litres d'eau par kg de viande bovine produite, le calcul de la quantité totale d'eau utilisée pour produire la viande consommée par 50 millions de Français serait :

1 000 000 000 kg/an x 625 litres/kg = 625 000 000 000 litres/an (ou 625 milliards de litres/an)

En réduisant sa consommation par deux, nous pourrions collectivement économiser près de 300 milliards de litres d'eau par an en France.

A titre de comparaison, d’après les données de l’INSEE, un foyer moyen en France, composé de 2,5 personnes, utilise en moyenne 330 litres d’eau par jour, ce qui correspond à une consommation annuelle totale d’environ 120 mètres cubes. Il s’agit principalement d’eau potable donc difficilement comparable à la quantité d’eau utilisée dans l’élevage mais tout de même, on se rend compte que diviser sa consommation de viande par deux aurait un impact majeur sur la consommation d’eau en France. Lorsqu’on sait qu’on prévoit une réduction de quasi moitié de l’eau disponible dans les 20 ans à venir …

Bien entendu, et il faut le répéter, le but n’est pas de sacrifier nos filières d’élevage du jour au lendemain mais bien de soutenir une transition inévitable du monde agricole.

 – Emissions GES: la production d’un kilo de viande bovine émet en moyenne environ 25 kg équivalent CO2 de gaz à effet de serre (GES), le calcul de la quantité totale d’émissions de GES pour la consommation de viande bovine en France par 50 millions de personnes sera :

Réduction des émissions de GES

20 kg/habitant/an x 50 000 000 habitants = 1 000 000 000 kg/an (ou 1 milliard de kg/an)

1 milliard de kg/an x 25 kg eq CO2/kg = 25 milliards de kg eq CO2/an

En réduisant sa consommation de viande bovine par deux, nous pourrions collectivement économiser près de 12 milliards de kg eq CO2/an.

Pour comparer, rappelons que en 2019, avant le COVID, en prenant en compte les vols intérieurs et les vols internationaux au départ de la France, le secteur aérien a émis directement environ 20 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2). Cela représente une augmentation de 85% par rapport à 1990. Les émissions du secteur aérien représentent environ 4 à 5% des émissions totales de gaz à effet de serre de la France, soit plus de deux fois le niveau d’il y a 30 ans.

En gros, notre consommation moindre de viande correspond à 50% des émissions du trafic aérien par an. Très loin d’être négligeable du coup!

La consommation de viande a un impact significatif sur la quantité d’eau utilisée et les émissions de gaz à effet de serre (GES) produites. En effet, la production de viande bovine est particulièrement gourmande en eau et génère des émissions de GES importantes. Ainsi, il est de plus en plus urgent de prendre en compte ces aspects pour réduire notre empreinte environnementale. Consommer moins de viande, voire adopter une alimentation végétarienne ou végane, est une des solutions pour réduire notre consommation d’eau et limiter nos émissions de GES. Cela peut contribuer à lutter contre le changement climatique et la rareté des ressources en eau dans le monde. A titre personnel, depuis bientôt 5 ans, je pense avoir diminué ma consommation d’environ moitié. N’étant déjà pas un gros mangeur de produits carnés, je ne mange plus qu’une fois de la viande par semaine en moyenne … sans compter les apéros pendant lesquels je craque régulièrement sur les saucissons et rillettes pleins de nitrites. Et oui, je suis loin d’être parfait!

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