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Je commence à me dire que, vraiment, on n’y arrivera pas!

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Ce matin, sur une radio nationale se déroulait un débat sur la consommation de viande, débat qui fut tantôt inutile, tantôt surréaliste!

L’intitulé du débat était « Doit-on manger moins de viande? », déjà rien que le fait de se poser encore la question est signe qu’on est très mal parti pour contrer le changement climatique qui nous touche déjà mais aussi les pénuries d’eau dramatiques à venir etc… Peu importe le nom des débatteurs, de toute manière le débat est resté au ras des pâquerettes comme si c’était la première fois que ces personnes instruites débattaient du sujet, comme si le sujet du changement de modèle était encore discutable. Pour autant, ce débat s’appuyait sur les recommandations récentes d’une nutritionniste de l’ANSES qui explique qu’il est indispensable de réduire notre consommation de viande qui est en moyenne plus de 85 kg par an et par personne. Rappelons aussi qu’un Français consomme en moyenne deux fois plus de viande que la moyenne mondiale.

Consommer moins de viande

De nombreux arguments en faveur de la réduction de la consommation de viande peuvent être avancés:

Impact environnemental : L’industrie de l’élevage est une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre, contribuant ainsi au changement climatique. La production de viande nécessite une grande quantité de terres, d’eau et de ressources alimentaires, ce qui entraîne la déforestation, l’épuisement des ressources naturelles et la pollution de l’eau. Pour nourrir le bétail, on importe massivement du soja (ainsi que des céréales et autres légumineuses), participant ainsi à la destruction des forêts primaires d’Amérique du Sud et occasionnant par là-même une pollution conséquente lors du transport de cette nourriture…

Bien-être animal : L’élevage intensif implique souvent des conditions de vie inhumaines pour les animaux, tels que l’élevage en batterie et les pratiques de confinement étroit. Les partisans de la réduction de la consommation de viande soutiennent qu’il est éthiquement préférable de réduire la demande de produits animaux provenant d’élevages intensifs.

Santé : Une consommation excessive de viande, en particulier de viande rouge et transformée, a été associée à un risque accru de maladies chroniques telles que les maladies cardiaques, le diabète de type 2 et certains types de cancer. Réduire la consommation de viande peut contribuer à une alimentation plus équilibrée et réduire les risques pour la santé.

Ressources alimentaires : La production de viande nécessite beaucoup plus de ressources alimentaires par unité de calories par rapport à la production végétale directe. En réduisant la consommation de viande, on libère des ressources alimentaires qui pourraient être utilisées pour nourrir davantage de personnes, contribuant ainsi à lutter contre la faim mondiale.

Diversité alimentaire : En réduisant la consommation de viande, on peut encourager une plus grande diversité alimentaire en incluant davantage de fruits, de légumes, de céréales complètes et d’autres sources de protéines végétales. Cela peut conduire à une alimentation plus équilibrée et nutritive.

Personne, à part quelques extrémistes, n’a dit qu’il ne fallait plus du tout consommer de viande mais les arguments cités ci-dessus vont indéniablement dans le sens d’une baisse de la consommation de viande à l’échelle mondiale. Pour autant, c’est bien le contraire qui est prévu à horizon 2050 à l’échelle mondiale!

Ecologie VS Reste du monde

Une fois ce petit rappel effectué, je peux dire que le débat démarrait bien en mettant l’accent sur la nécessité de manger moins de viande, notamment en Europe. Les arguments étaient lancés pêle-mêle: lutte contre le changement climatique, prendre en compte le bien-être animal, réduire la consommation d’eau, éviter de raser les forêts d’Amérique du Sud pour produire de la nourriture pour les animaux d’élevage, les bienfaits pour la santé humaine. Il y avait le clan des « Pour » et bien entendu celui des « Contre ».

En moins de 2 minutes, le débat a viré à l’inutile avec pour uniques arguments le fait que nous consommions beaucoup moins que les Etats-Unis et que c’étaient des écolos qui essayaient d’imposer aux autres leur vision du monde et qu’après tout, la liberté de chacun devait être respectée et qu’on ne devait imposer à personne ce genre de limitation. Aussitôt le lien avec la limitation des vols en avion proposée par J.M. Jancovici est raccroché au débat pour montrer à quel point les écolos sont des dictateurs qui n’ont qu’une vision contraignante de la vie.

Bref, nous touchions le fond. Mais cela dit, c’est assez proche des discussions que je peux avoir avec certains collègues ou amis qui, eux aussi, font partie de ce qu’on appelle la classe moyenne plus, éduquée et logiquement . L’argument tue toute discussion: ce sont les écolos qui sont complètement cinglés qui cherchent à imposer leur vision du monde alors que ce n’est certainement pas le fait d’arrêter de manger de la viande en France qui changera quoi que ce soit. Un des animateurs que j’apprécie d’habitude cite même tous les arguments lui paraissant valables pour défendre la réduction de la consommation et rajoute à la fin « qu’on peut aussi ajouter la lutte contre le changement climatique mais ce n’est pas le débat!« . Alors là, les bras m’en tombent. Bien sûr que si c’est le débat. Et tout comme celui de la souffrance animale, celui de la lutte contre le changement climatique devrait être notre priorité.

Déni et dépression

Pfff franchement, plus ça avance et plus je désespère. S’il y a bien une chose que nous pouvons faire pour lutter contre le changement climatique, la baisse des ressources en eau, la destruction de l’environnement, c’est bien de réduire drastiquement notre consommation de viande!

C’est une évidence, comme c’est une évidence que cela détruira des emplois. Pour autant, quand l’eau ne sera plus disponible, lorsque le changement climatique sera tel que les conséquences seront dramatiquement destructrices, qu’en sera-t-il de l’emploi dans la filière de l’élevage? Ce déni permanent qui consiste à reléguer au second plan les alertes du GIEC, celles de milliers de scientifiques du monde entier commence à devenir pesant. Nous ne cessons de critiquer nos dirigeants pour leur inaction supposée mais globalement, une grande partie de la population, pourtant bien informée, continue de faire comme si rien n’avait changé. Aucune frustration, aucune remise en cause ne semble possible. Il faut absolument continuer le modèle qui est pourtant responsable de la catastrophe en cours.

Au contraire, je reste persuadé qu’entraîner les masses dans un projet global dans lequel figurerait la réduction de la consommation de viande serait certainement la seule action qui rendrait le moral à ce monde dépressif qui dit s’inquiéter et craindre le futur mais qui reste dans un déni anxiogène permanent. Aller vers un projet d’adaptation, de modification de nos pratiques est certainement le projet le plus enthousiasmant qui soit. Complexe à mettre en place, non sans violence ou conséquences négatives mais avec un espoir, celui d’aller vers un monde meilleur, celui de garder un monde viable pour les générations futures.

A la place, on s’écharpe sur le fait que les écolos sont des cons aux tendances dictatoriales, on met en avant sa liberté individuelle comme l’argument suprême, quelles qu’en soient les conséquences. J’avoue que je ne comprends plus. J’avoue que je désespère. J’avoue que lorsque je vois le projet d’accord Mercosur faire son grand retour (verra bien si nos dirigeants qui l’avaient rejeté tiendront leurs engagements mais …), lorsque je constate que les préparatifs de la future COP28 prévue aux Emirats Arabes Unis semblent intégrer les énergies fossiles dans une vision « pragmatique » de la lutte contre le changement climatique, lorsque je constate que des citoyens français n’ont toujours pas compris que consommer de la viande comme nous le faisons nous emmène droit dans le mur, j’ai juste envie de baisser les bras et de pleurer…

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