La décroissance: un concept politique, économique et social

Pour certains, la croissance économique représente une menace, tandis que pour d’autres, elle est perçue comme la solution à nos problèmes. Ce modèle suscite de vives réactions et remettre en question la croissance, ce dogme occidental, est considéré comme subversif.

La décroissance, envisagée comme un objectif théorique par beaucoup, apparaît comme un véritable défi économique pour les défenseurs du statu quo.

Croissance & PIB

L’économie mondiale, particulièrement celle des pays riches et en développement avancé, repose sur le Produit Intérieur Brut (PIB). Cet indicateur, mesurant la production de biens et services d’un pays, a été introduit au début des années soixante-dix, s’appuyant sur des données démographiques et statistiques. Il est devenu un pilier de l’économie mondiale, promouvant l’idée qu’un pays prospère est nécessairement un pays à forte production et vente.

Cependant, le PIB omet de considérer les inégalités, le bien-être au travail, le travail non déclaré, le rôle des associations et bénévoles, l’inutilité de certaines transactions financières, et les pollutions résultant de l’activité économique. Se baser sur le PIB pour évaluer la santé économique d’un pays conduit ainsi à encourager l’augmentation de nombreux facteurs nuisibles à l’humanité et à l’environnement. Les inégalités mondiales de PIB par habitant, avec plus de 60 000$ aux États-Unis, plus de 40 000$ en France et en Allemagne, contre seulement 6 000$ en Afrique du Sud et 8 000$ au Gabon, sont des indicateurs insuffisants du bonheur et du bien-être des populations.

La croissance comme moteur

Depuis 1950, la croissance économique a contribué à d’importantes avancées :

• La réduction de la pauvreté, avec le taux de personnes vivant dans l’extrême pauvreté passant de plus de 50% en 1950 à moins de 10% aujourd’hui, selon la Banque mondiale.
• L’amélioration de la santé, grâce à des investissements dans la santé publique et les infrastructures, avec une espérance de vie mondiale augmentant de 47 ans en 1950 à plus de 72 ans aujourd’hui.
• L’accès à l’éducation, le taux de scolarisation primaire passant de moins de 50% en 1950 à plus de 90% aujourd’hui, selon l’UNESCO.
• Les progrès technologiques, facilitant des avancées dans la médecine, les communications, les transports, et l’énergie.
• Le développement d’infrastructures modernes, comme des routes, ponts, aéroports, et réseaux de communication.

Cependant, ces progrès ont aussi leurs coûts environnementaux et sociaux, tels que la pollution, les inégalités de revenus, et la dégradation des ressources naturelles, soulignant le besoin d’un équilibre entre croissance économique et préservation de l’environnement et du bien-être des populations.

Les dégâts du PIB & de la croissance

La crise du Covid-19 a brièvement éveillé une conscience des limites de notre consommation et production excessives, bien que cette prise de conscience ait été rapidement oubliée. La poursuite d’une croissance infinie, motivée par le désir d’augmenter le PIB, a des conséquences désastreuses pour la planète et l’humanité, exacerbant la raréfaction des ressources, la pollution, et la destruction de la biodiversité.

Décroissance & modération

Le concept de décroissance défie nos croyances et certitudes, proposant une approche basée sur la résilience et la durabilité, où le bien-être humain est une priorité. Ce modèle met l’accent sur la réparation et la durabilité des produits plutôt que sur une consommation et un remplacement excessifs.

Un projet juste

Réduire notre consommation est crucial pour permettre un développement digne des pays en développement. La décroissance dans les pays riches semble être une nécessité inévitable, même si sa mise en œuvre paraît difficile aujourd’hui. Ce modèle requiert une révision fondamentale de nos systèmes économiques, plaçant l’humain et l’environnement au centre de nos préoccupations.