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Neutralité carbone en 2050. Blah, blah, blah…

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Neutralité carbone en 2050. Blah, blah, blah… Les chiffres donnent raison à Greta. L’objectif de neutralité carbone en 2050 paraît désormais intenable.

Comme l’a dit la militante Greta Thunberg : « Build back better. Blah, blah, blah. Green economy. Blah, blah, blah. Net zero by 2050. Blah, blah, blah ». À l’issue de la COP21, les mots étaient beaux, empreints de sincérité affichée. Ils n’étaient que des mots creux, de l’affichage, de la communication pour la plupart des décideurs présents. Preuves à l’appui…

Les Accords de Paris

En 2015, lors de la COP21, les États signataires (un peu plus de 190 pays) ont pris des décisions importantes. Les objectifs chiffrés fixés lors des Accords de Paris étaient les suivants :

  • Réduire les émissions de gaz à effet de serre : Les pays signataires se sont engagés à limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, et à poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5 degré Celsius. Pour atteindre cet objectif, les pays se sont fixé pour objectif de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, en visant une réduction de 40 % à 45 % des émissions mondiales d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010.
  • Accroître la résilience et l’adaptation aux changements climatiques : Ces pays ont également convenu de renforcer leur résilience et leur capacité d’adaptation face aux impacts du changement climatique. Ils ont pour objectif de mobiliser des financements publics et privés pour aider les pays en développement à s’adapter aux changements climatiques.
  • Mobiliser des financements : Ils ont convenu de mobiliser des financements pour soutenir la transition vers une économie sobre en carbone et pour aider les pays en développement à lutter contre le changement climatique. Les pays développés ont pris l’engagement de mobiliser chaque année à partir de 2020 au moins 100 milliards de dollars pour aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs en matière de changement climatique.
  • Renforcer la coopération internationale : Les pays signataires ont également convenu de renforcer leur coopération pour lutter contre le changement climatique. Ils se sont engagés à partager les meilleures pratiques et les technologies les plus avancées pour aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux impacts du changement climatique.

De belles idées qui devaient, en théorie, permettre de ne pas dépasser les 1,5 °C d’augmentation d’ici 2050. C’était sans compter sur le fait qu’une fois les discours prononcés, il fallait accepter de remettre en cause les privilèges d’une minorité afin de sauver les intérêts de la majorité. Décevant !

Des chiffres en constante augmentation

Il est vrai que les émissions de CO2 ont augmenté au fil des décennies malgré les efforts affichés des gouvernements pour les réduire. Voici quelques chiffres qui illustrent cette tendance :

En 1990, les émissions mondiales de CO2 provenant de la combustion de combustibles fossiles étaient d’un peu plus de 20 milliards de tonnes. En 2021, ce chiffre est passé à environ 35 milliards de tonnes, soit une augmentation d’environ 75 %.

Bien que certains pays aient réussi à réduire leurs émissions de CO2 au fil des ans, la croissance économique rapide dans de nombreux pays a entraîné une augmentation des émissions. En 1990, les États-Unis étaient responsables de plus de 20 % des émissions mondiales de CO2. En 2021, cette part est passée à environ 15 % en raison de la croissance rapide des émissions de la Chine, qui représente maintenant environ 28 % des émissions mondiales de CO2.

Bien que les gouvernements aient adopté des politiques pour réduire les émissions de CO2, les émissions ont continué à augmenter principalement en raison de l’augmentation de la demande énergétique mondiale. En 2019, la demande énergétique mondiale avait augmenté de 2,3 %, principalement en raison de la croissance économique rapide de la Chine et de l’Inde.

La pandémie de COVID-19 a temporairement réduit les émissions de CO2, mais elles ont rapidement rebondi dès que l’activité a repris. En 2021, les émissions de CO2 sont reparties à la hausse, dépassant les niveaux d’avant pandémie.

La croissance économique rapide dans de nombreux pays et l’augmentation de la demande énergétique mondiale ont entraîné une augmentation constante des émissions de CO2 jusqu’à aujourd’hui alors que ces pays avaient pris l’engagement de les réduire drastiquement. On peut faire les mêmes constats en ce qui concerne d’autres polluants tout aussi dangereux et ayant un impact majeur sur le réchauffement comme le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O), 25 fois plus impactant que le méthane et environ 300 fois plus que le CO2. Inquiétant…

Les principaux responsables

  • Les émissions de CO2 de l’industrie et du secteur pétrolier sont en effet responsables d’une part importante des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Voici quelques chiffres qui illustrent leur contribution à la hausse des émissions depuis 1990 :
  • Celles de l’industrie ont augmenté de façon constante depuis 1990, passant de 8 milliards de tonnes de CO2 en 1990 à 14 milliards de tonnes en 2019 (on dépassera certainement ces niveaux d’émission en 2022). Cela représente une augmentation de plus de 75 % au cours de cette période.
  • Celles du secteur pétrolier ont également augmenté de façon constante depuis 1990, passant de 6 milliards de tonnes de CO2 en 1990 à 12 milliards de tonnes en 2019. Avec les événements actuels qui ont fait passer la lutte contre le changement climatique au second plan, les chiffres n’iront certainement pas à la baisse en 2022/2023.
  • En 2019, l’industrie et le secteur pétrolier représentaient environ 65 % du total des émissions de GES au niveau mondial, selon les données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). En 2022, le GIEC publiait son rapport « Climate Change 2022 ». En page 11 est présenté un graphique qui montre à quel point aucun changement n’a été opéré pour réduire nos émissions mais au mieux pour ne plus les faire augmenter trop vite : affligeant !

Rapport du GIEC 2022

La pandémie de 2020 avait permis une baisse significative mais de courte durée. Dès 2021, les records ont été battus. Avec la demande d’énergie croissante depuis la reprise post-covid, la courbe continue de monter. On estime que l’année 2022 établira un nouveau record avec une augmentation estimée entre +1 et +3 %. Le recours au charbon pour assouvir la demande mondiale en énergie explique en grande partie cette augmentation.

Les émissions de CO2 de l’industrie et du secteur pétrolier ont donc augmenté de manière constante depuis 1990, ce qui représente une part importante des émissions mondiales de GES. Bien que quelques pays aient réussi à réduire leurs émissions de ces secteurs, la demande énergétique mondiale continue d’augmenter, ce qui continue de pousser les émissions à la hausse malgré les engagements de 2015 !

Des objectifs intenables

Il semble clair que la volonté de ne pas dépasser les 1,5 °C en 2050 a été abandonnée par la plupart des pays (on mettra à part des pays comme le Costa Rica ou la Suède, par exemple). Si le rythme de réduction des émissions de CO2 nécessaire pour atteindre la neutralité carbone en 2050 dépend de divers facteurs, tels que la trajectoire de croissance économique, l’évolution de la population mondiale et les progrès technologiques, il est clair que sans volonté et courage des décideurs, l’objectif ne sera pas atteint. À moins d’attendre une hypothétique solution technologique non impactante dans un futur proche… Visiblement, nous en sommes loin !

D’après le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur le réchauffement planétaire de 1,5 °C, pour atteindre l’objectif de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 °C, les émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites de 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030, et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 (cela signifie que les émissions nettes de CO2 devraient être réduites à zéro d’ici 2050). En d’autres termes, la réduction des émissions de CO2 devrait se faire à un rythme de plus en plus rapide pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, avec une réduction annuelle moyenne d’environ 3 à 7 % entre 2020 et 2030 et ce jusqu’en 2050. Cette réduction est plus importante que les réductions moyennes de 1 à 2 % par an qui ont été observées entre 2010 et 2020 pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Quand on constate qu’on repart même à la hausse, il y a donc de quoi être pessimiste, et le scénario le plus probable devient alors celui des +3 °C. Une catastrophe en vue, ce qui n’empêche en rien nos politiques de nous vendre la neutralité carbone pour 2050 !

Encore une fois, la population générale fait ce qu’elle peut pour survivre, travailler, se nourrir en s’adaptant aux conditions parfois déjà bien difficiles sur certaines zones de la planète. Nos dirigeants, surtout ceux des grandes puissances, ont laissé faire l’économie, la bourse, les marchés depuis plus de 40 ans en ignorant les alertes répétées concernant notamment le changement climatique.

Neutralité carbone en 2050. Blah, blah, blah…

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